Échos de la rencontre à Taizé, pour les jeunes européens de 18 à 40 ans, avec les jeunes membres de la famille spirituelle Charles de Foucauld (août 2016)

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Une semaine à Taizé !

Comme prévu, dans le cadre des festivités du Centenaire, la rencontre de Taizé, proposée aux jeunes d’Europe, famille spirituelle ou non, s’est déroulée dans la seconde quinzaine d’août. Certes, très peu de moins de 25 ans se sont inscrits ; certes, nous étions beaucoup moins qu’aux JMJ de Cracovie, mais, au dire des participants, ce fut un temps intense et, pour plus d’un, un bouleversant moment de fraternité.

Tout a commencé le 16 août quand un petit groupe de 13 s’est retrouvé au sud de Macon pour débuter la marche itinérante qui devait nous mener, cinq jours plus tard, à Taizé. L’idée était de vivre un temps fraternel pour se découvrir et accueillir celles et ceux qutaize-2bi nous rejoindraient au fil des étapes. Un premier jour par vignes et collines, traversant des villages aux doux noms de Pouilly, Solutré ou Fuissé. Le soleil était trop chaud pour se risquer à déguster les vins du cru! Les jours suivants ont été, heureusement, plus frais, voire, un matin, carrément mouillé. Désormais, nous cheminions à travers prés et forêts, sur des sentes bordées de haies généreuses. Comment, alors, concilier discussions et dégustations de petits fruits…? Nous avons rencontré des experts !

Même si ce n’était pas une retraite, chaque journée a débuté par une prière commune suivie d’un bon temps de marche silencieuse. Régulièrement, les églises des villages se sont ouvertes, parfois même grâce aux hirondelles (1), et nous avons pu célébrer.

taize-4bA Matour, des petites sœurs  nous ont rejoints ; le lendemain, à Tramayes, est arrivé le groupe venu d’Italie. A Cluny, nous sommes 35 à dormir et plus encore à se mettre en marche pour l’ultime étape dominicale.

Au fil des jours, les propres retenues et les barrières linguistiques se sont estompées, chacun faisant des pas vers l’autre… ou côte à côte. C’est donc une joyeuse équipée qui a gravi la colline, rejointe par celles et ceux venus seulement pour la semaine. Pour certains un « super » camping s’est installé, les autres dormant « en dur » dans un bâtiment réservé par les frères. Nous sommes maintenant 85 et représentons 21 nationalités. Notre présence s’inscrit totalement dans la dynamique de Taizé : participation aux trois prières communes qui rythment chaque journée, participation assidue aux groupes bibliques que les frères animent chaque matin. Seules les après-midi sont « Foucauld ». Un programme est prévu pour continuer à se découvrir, découvrir frère Charles et sa spiritualité : vidéos, échanges en petits groupes, témoignages, jeux ludiques où l’on peut se comprendre sans parler la même langue, ateliers créatifs… tout est fait pour que chacun se laisse imprégner, puisse s’exprimer, écouter et se savoir écouté. Devant une assemblée ouverte à tous, Adib, un jeune réfugié syrien qui marche avec nous depuis le départ, parle du frère Paolo, qu’il a connu et témoigne de son propre parcours qui l’a conduit de Homs à Mulhouse.

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Frère Michael  Davide, moine bénédictin, lui, est venu d’Italie pour nous entretenir sur « l’actualité du charisme de Charles de Foucauld ». Son exposé a débordé largement le thème mais, que l’on soit de la famille ou pas, c’était suffisamment nourri pour que chacun y  trouve quelque chose d’interpellant. L’esprit vif, l’œil pétillant, il est passé d’une idée à l’autre à un rythme tellement fou que les traducteurs « simultanés » ne savaient plus où donner de la tête. Alors, « Charles de Foucauld est-il resté moine(2) jusqu’à son dernier souffle, comme l’affirme notre frère? ». Pour ce propos et pour d’autres, les réactions ont été vives ; les questions ont fusé et les échanges ont continué bien au-delà du temps imparti.

Frère Aloïs, prieur de Taizé, est lui aussi venu dialoguer sur le fait de « Crier l’Evangile aujourd’hui ». Quel drôle de verbe avons-nous choisi, nous qui sommes plutôt discrets, d’autant plus qu’il est parfois préférable de se taire pour être mieux présents ! Il nous a invités, non pas à crier mais à « découvrir », sans rien faire, pour mieux y voir Jésus. Frère Roger, lui, voulait « murmurer » l’Evangile ; ça demande l’énergie de toute notre vie tant les situations de désespoir sont nombreuses. Comme un clin d’œil, il nous explique comment – lui et ses frères – veulent crier, eux aussi, l’Evangile ensemble, en Communauté. Il insiste sur la priorité à l’œcuménisme étendu à tous les peuples car, dit-il, les jeunes ne comprennent pas la division ! De même, il voit en l’hospitalité une valeur d’Evangile qui aujourd’hui parle sans mot. Il termine en citant Christian de Chergé qui disait : « Nous avons donné notre vie à Dieu en gros… Maintenant, il faut la donner en détail ! ». C’est vrai, conclut-il, donner notre vie, c’est au jour le jour ; donner sa vie  c’est tous les jours !

Notre joie et notaize-9bs rires, le voile de certaines de nos sœurs, les sacs de toile floqués d’un « Choisir la Fraternité » et du logo du Centenaire, l’intervention d’Adib et les nombreuses intentions des frères de la Communauté lors des prières communes, ont fait que Charles de Foucauld a vraiment habité la colline durant toute la semaine. On pourrait écrire un feuillet des « fioretti » tant nous nous sommes sentis portés par la grâce dès le premier instant. Pas facile, pour beaucoup, de se quitter, le dimanche !

C’est certain, des grains de blé ont été jetés en terre. Laissons faire le temps, on ne tire pas sur les tiges pour les faire grandir !

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(1) C’est le seul jour où nous débutons sous la pluie… Nous espérons trouver un lieu abrité pour célébrer et partager le pique-nique. A la bonne heure, nous arrivons dans un village où toutes les portes de l’église sont généreusement ouvertes. L’occasion est trop belle et nous nous installons. Ce n’est que plus tard que nous apprendrons que cette « ouverture exceptionnelle » est le fait de quatre hirondelles qui avaient élu domicile depuis plusieurs jours et que les paroissiens rêvaient de voir nicher ailleurs. A notre départ, plus de pluie et plus d’oiseaux dans l’édifice… Nous avons refermé les portes.

(2) Concernant « Charles de Foucauld-moine », Théodore Studite, dans ses Petites Cathéchèses (39,PG99, 561a) va peut-être mettre tout le monde d’accord : « Est moine celui qui n’a de regards que pour Dieu seul, de désirs que pour Dieu seul, d’application qu’à Dieu seul et qui, ne voulant servir que Dieu seul, devient cause de paix pour les autres ». N’est-ce pas là un idéal pour tous les chrétiens dans le monde ; pour que ce monde trouve la vraie paix ?